société, médias, TICs, développement durable.
14 Septembre 2013
Winners chapel, Eglise du Saint Esprit en Action, Chapelle des vainqueurs, Eglise du réveil en Christ, Eglise de pentecôte, ENONA, Eglise du témoignage de l'évangile du Christ…, voilà les nouveaux noms des temples du Christ. Ils sont logés dans des boutiques, des hangars, des magasins, des maisons, des baraques voire des terrains vides sous des paillotes. C’est à un nouveau mode d’occupation et de conquête de l’espace qu’on assiste de la part de ces temples, véritables recours des populations ces dernières années. Ces lieux de prières, de miracles, de prodiges, de délivrance et de promesses de tous genres poussent comme des champignons dans les grandes villes du Bénin.
La crise économique, les nombreuses difficultés et défis de la vie quotidienne poussent les jeunes et les autres couches à se confier aux pasteurs des brebis. Ces jeunes et adultes sont en quête d’emploi, de maris, de l’âme sœur, de protection contre les forces du mal. Des campagnes d’évangélisation, des nuits de prières, de louanges et de délivrance s’organisent partout pour conjurer le mauvais sort et délivrer du mal. Le prince du mal, Lucifer est attaqué de toute part et tous les moyens sont bons pour le traquer. Les médias et réseaux sociaux sont envahis de campagnes de promotion et de marketing pour conquérir les cœurs en détresse.
Les pasteurs, véritables connaisseurs des outils marketing et de communication arrosent leur territoire d’affiches, de calendriers aux effigies du pasteur et de son équipe. L'autre caractéristique qui frappe et distingue ces lieux est la mise en vedette du Pasteur au détriment du Christ, le sauveur loué, prié et magnifié jour et nuit. Les pasteurs jeunes, dynamiques et inventifs sont disponibles et reçoivent les brebis pour toutes sortes de problèmes. Certains sont de véritables consultants et visionnaires capables de lire la vie des brebis et de prédire leur destin. Certains vont jusqu’à héberger chez eux ou sur le site de l’église, quelques fidèles jugés en situation difficile et menacés par les sorciers.
Les prières, louanges et actions de délivrance sont souvent programmées à des heures où les habitants doivent se reposer ou dormir. Depuis quelques années, les plaintes fusent de partout mais rien ne semble freiner l’ardeur des fidèles dans leur volonté de louer le Seigneur à temps et à contre temps. Les tentatives de négociation entre populations, pasteurs et fidèles échouent ou tournent souvent à la bagarre ou à des menaces. La pollution sonore est une conséquence qui constitue une équation à résoudre par les autorités qui ne semblent pas encore percevoir le danger que constitue le comportement des fidèles de ces églises. Ces derniers n’hésitent pas à traiter ceux qui se plaignent de sorciers et d’esprit maléfiques dérangés par les prières et louanges. Ils en font pareil vis-à-vis des religions endogènes dont les temples se trouvent à leur proximité.
La Brigade du Littoral et de la Lutte Anti Pollution mène un combat qui est loin de décourager ces temples de salut. Elle a d'ailleurs été l'objet en 2005 d'une plainte devant la Cour Constitutionnelle par le Responsable de l'église évangélique des assemblées de Dieu de Scoa Gbéto située à Cotonou. La lecture des arguments exposés dans la requête par ce dernier démontre sa méconnaissance des textes régissant le respect de l'ordre public. Il urge de passer à une sensibilisation et un encadrement du développement de ces lieux afin qu'ils puissent exercer leur liberté de culte dans les limites prescrites par la loi. Car malgré les mises en garde, les descentes sur le terrain, les saisies d’instruments de sonorisation, les temples recommencent de plus belle. La Brigade est encore descendue ce mois à Fidjrossè pour saisir des enceintes suite aux plaintes des populations du quartier.
Ces temples ont développé une autre arme de séduction des pouvoirs publics qui semblent mordre depuis l'avènement du changement à leur hameçon. En effet, les églises ont organisé et organisent des prières à l'endroit des hommes politiques qui sont couverts par les médias publics. Une façon pour ces dernières de prendre position, de déclarer leur soutien à tel ou tel bord politique. Elles inventent souvent les hommes politiques ou ces derniers suscitent aussi des prières, messes dans leur temples. Cette cohabitation leur permet d'infiltrer ces milieux et de s'assurer la protection voire l'intervention en cas de trouble à l'ordre public.
Pour combien de temps va-t-on laisser ces disciples du troisième millénaire troubler le sommeil de leurs voisins et violer les textes de la République au nom de leur foi en Dieu ?